Arjang Omrani
Arjang Omrani est un anthropologue-cinéaste qui travaille actuellement sur son projet de recherche postdoc « Weaving memories » qui problématise la marginalisation et l’exploitation systématiques des tisserands dans le régime de production et de commerce des tapis (persans) faits main, au département de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Gand, en Belgique.
En tant qu’anthropologue, le Dr Omrani est engagé dans l’exploration critique des phénomènes sociaux. Il considère la multimodalité – le film en est un exemple frappant – comme un élément essentiel de la démocratisation du savoir et comme un cadre éthico-politique. Cela offre un terrain propice à une application créative de l’anthropologie qui tend à être inclusive, tant pour les personnes avec lesquelles elle travaille que pour le grand public en général.
Ces points d’intérêt ont été élaborés, à la fois en tant qu’efforts théoriques et pratiques, dans sa thèse de doctorat intitulée : « Médiation de la connaissance anthropologique : explorations dans l’anthropologie partagée ». Développant les principes de l’ »anthropologie partagée », comme une « attitude » plutôt qu’une méthode de travail sur le terrain, il conçoit le travail anthropologique comme collaboratif et politique, avec l’aspiration d’une « pédagogie publique critique » qui est matérialisée et façonnée par le biais de l’art multimodal.
Dans un environnement diversifié et interdisciplinaire, le Dr Omrani aborde l’anthropologie multimodale en expérimentant, dans les limites de l’audiovisuel et des formes au-delà du textuel et par des processus de recherche et de publication multimodaux et participatifs.
La récente pandémie a été une scène chaotique qui a mis en lumière l’ampleur du fossé entre le langage de la science et le public. Elle nous a rappelé, plus que jamais, l’urgence d’améliorer cette situation, surtout dans le contexte actuel de saturation médiatique et de post-vérité, dans lequel les connaissances scientifiques ont été instrumentalisées à des fins idéo-politico-économiques. Il n’existe pas de recette magique ou de solution du jour au lendemain pour combler ce fossé ; il faut plutôt une détermination sociopolitique pour une pédagogie publique progressive et critique. Cela implique la nécessité non seulement d’améliorer le niveau général de compréhension des sujets scientifiques, mais aussi d’exiger que la science se souvienne du langage terre-à-terre et existentiel de la vie quotidienne. On peut également affirmer que cette dernière exigence joue un rôle fondamental dans la réalisation de la première.
Ce projet cherche à déméler le problème à travers la réalisation de vidéos participatives utilisant l’anthropologie visuelle et médiatique, en collaboration avec un certain nombre de résidents de Montpellier. L’objectif est d’enquêter et de réfléchir à la manière dont les traces de la crise sont ressenties et vécues dans leur vie quotidienne. Quelles sont leurs perceptions, leurs compréhensions et leurs interprétations des circonstances ? Et comment peuvent-ils donner du sens et se rapporter à la crise à travers la manière dont elle a été abordée par la science ?